Petite histoire de France de Jacques Bainville - Louis XI

 

 

Louis XI porteur du collier de l'ordre de Saint Michel par Georges A.L. Boisselier

 

 

 

Bataille de Castillon - 1453 - Fin de la guerre de cent ansLes Anglais qui avaient dit, après le supplice de Rouen, qu’ils étaient perdus, ne se trompaient pas. Les Français que Jeanne d’Arc avait conduits à la victoire furent saisis de fureur et voulurent la venger. Armagnacs et Bourguignons se réconcilièrent. Bientôt, comme Jeanne d’Arc l’avait dit, les Anglais furent boutés hors du royaume. Toutes les provinces et toutes les villes qu’ils occupaient chez nous furent reprises une à une. Le honteux traité de Troyes fut effacé. Charles VII le gentil dauphin que Jeanne avait mené au sacre de Reims, était de nouveau le vrai roi de France. Quand il mourut, le roi d’Angleterre ne gardait plus que Calais. La guerre de cent ans était finie.

Charles VII avait un fils, qui fut d’abord un bien mauvais sujet et qui lui donna bien du soucis avant de devenir lui-même un grand prince.

Louis XI était impatient de régner. Il intriguait et conspirait contre son père avec les grands féodaux, qui trouvaient que le roi était devenu trop puissant.

Philippe III le Bon - Duc de BourgogneMême un jour le futur Louis XI se réfugia chez le duc de Bourgogne, qui était le principal ennemi de son père. En apprenant cette nouvelle, celui-ci déclara : « Le duc de Bourgogne a reçu chez lui un renard qui mangera ses poules. » Il fut bon prophète car c’est ce qui arriva bientôt.

Dès que Louis XI fut roi, il voulu être le maître dans son royaume. Les grands féodaux, qui devaient obéir comme les autres, ne furent plus du tout ses amis. Ils se liguèrent contre lui avec le duc de Bourgogne, et il dut les battre à Montlhéry.

Cependant Louis XI n’aimait pas beaucoup les batailles, non qu’il les craignît, mais parce qu’il trouvait qu’elles coûtaient trop cher et qu’il y avait à la guerre trop de hasard. Il préférait agir par calcul et par ruse. C’est ainsi qu’il agrandit le royaume que son père lui avait laissé.

Charles le Téméraire - Duc de Bourgogne - Fils de Philippe le BonLe plus grand adversaire du roi, celui qui lui donnait le plus de mal, c’était toujours le duc de Bourgogne. Et Charles le Téméraire, était ambitieux, violent, avide de conquêtes. Louis XI au lieu de lui résister en face, essaya de s’entendre avec lui. Il lui proposa d’aller le voir comme un bon cousin pour régler leur différends, avec la promesse qu’il pourrait repartir librement quand il voudrait.

Mais à peine fut-il arrivé à Péronne, que Charles le Téméraire le retint prisonnier. Louis XI était allé se mettre dans la gueule du loup. Il avait été imprudent, ce qui arrive parfois à ceux qui veulent être trop habiles. Il ne lui restait plus qu’à faire bonne figure à mauvais jeu et à se retirer de là comme il pourrait. Aussi fit-il semblant d’être le plus loyal allié du Téméraire, attendant l’occasion de lui jouer un tour à sa façon.

Charles le Téméraire finit par croire en effet que Louis XI était un ami sincère et il lui offrit de lui rendre sa liberté. La condition était que le roi de France donnât la Champagne à son propre frère, lequel complotait contre lui comme lui-même avait conspiré contre Charles VII, car on ne donne pas le mauvais exemple impunément. Louis XI, pressé de reprendre sa liberté, accepta le marché et signa tout ce que l’autre voulut. Mais il lui déplaisait de céder la Champagne, qui était trop près de Paris et de la Bourgogne, et la province qu’il donna à son frère, ce fut la Guyenne, qui était bien plus loin.

Louis XI devant la cage du cardinal de La Balue par GrobetUne fois rentré dans son royaume, louis XI punit tous ceux qui l’avaient trahi et qui s’étaient entendus à ses dépens avec le duc de Bourgogne. C’étaient tous de grands personnages, comme le cardinal La Balue, qui lui avait conseillé d’aller à Péronne, et, pour le punir, le roi le tint enfermé dix ans dans une cage de fer où il allait le voir quelquefois et lui rappeler pour quelle trahison il l’avait mis là.

Furieux d’avoir été joué, Charles le Téméraire jura qu’il se vengerait et qu’il se ferait couronner roi. Il se mit à la tête d’une armée pour envahir le royaume de France ; mais toutes les villes se fermèrent devant lui, car on redoutait sa tyrannie et sa cruauté. A Beauvais, les bourgeois se défendirent héroïquement. Une femme qui se nommait Jeanne, comme Jeanne d’Arc, encourageait tout le monde en combattant sur les murs, une hache à la main ; aussi l’appela-t-on Jeanne Hachette. Charles le Téméraire dut reculer. Et en vain alla-t-il chercher les Anglais. Louis XI leur promit tant d’argent s’ils consentaient à signer la paix, qu’il leur parut bien plus sage de rentrer chez eux.

Charles le Téméraire mérita bien son nom. Il voulut conquérir la Lorraine et la Suisse. Mais les montagnards suisses l’arrêtèrent et le battirent. Les Lorrains se révoltèrent, et, comme le Téméraire était retourné à Nancy pour les châtier, ils l’attaquèrent avec tant de vigueur, que ses soldats furent mis en déroute et que lui-même fut tué. On retrouva le lendemain son corps abandonné sur la neige.

Le corps de Charles le Téméraire retrouvé après la bataille de Nancy en 1477Louis XI était débarrassé de l’ennemi qui, de nouveau, avait failli détruire et diviser le royaume français. Il passa le reste de son règne à punir les seigneurs féodaux qui, en le trahissant, avaient trahi la France, et plus d’un, par son ordre, alla se balancer au bout de la corde d’un gibet. Il rabaissa les grands, et, toujours sans batailles, par de bons traités, il réunit onze provinces à la France. Il favorisait les bourgeois, dont il s’entourait, de préférence aux nobles. Ses familiers étaient, dit-on, le médecin Coictier et Olivier Le Dain. Il vécut ses dernières années, enfermé dans son château de Plessis-les-Tours, faisant beaucoup d’économies, car il aimait avoir toujours un gros trésor de guerre, et coiffé d’une casquette garnie d’images de plomb, comme les pauvres gens

Quelque temps avant de mourir, il disait : « Qui ne sait dissimuler ne sait régner. » Il avait été fourbe et parfois menteur. Mais il laissait la royauté plus forte et la France plus grande.

 

 

 

Louis XI - L'universelle aragne

 

 

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Source de la BNF