Petite histoire de France de Jacques Bainville - Les croisades

Urbain II

 

 

Dieu le veut ! Pierre l'Ermite parcourt à cheval les villages pour prêcher la première croisade en 1095 - Peinture de Francesco HayezCe fut un grand enthousiasme dans toute l’Europe chrétienne lorsque la croisade contre les infidèles, c’est-à-dire les musulmans et les Sarrasins commença d’être prêchée. En France, un moine, Pierre l’Ermite, demandait à tout le monde de partir. Et aussitôt on se croisait, c’est-à-dire qu’on attachait une croix de drap rouge sur sa poitrine en criant : Dieu le veut !

Pierre l’Ermite prit la tête des premières troupes avec un pauvre chevalier que l’on appelait, tant il était peu riche, Gautier Sans-Avoir. Il y avait là beaucoup de femmes et même des enfants. Comme la Terre Sainte était très loin, le voyage fut très fatiguant, et chaque fois qu’on apercevait une ville, les pauvres petits demandaient : « Est-ce là Jérusalem ? » Mais il n’arrivèrent jamais à Jérusalem, et tous furent massacrés avant d’avoir vu le tombeau du Christ.

Il fallait une armée véritable. Elle se forma pendant ce temps avec des chevaliers de tous les pays. Beaucoup ne savaient pas le français et ils se contentaient de mettre un doigt en travers de l’autre en forme de croix pour signifier qu’ils venaient prendre part à la guerre sainte.

Statue de Godefroy de Bouillon - BruxellesLeur chef était un Lorrain, le duc Godefroy de Bouillon. Il commandait cent mille hommes à cheval et six cent mille à pied. Cette immense armée parvint à Constantinople, où l’empereur, effrayé, se hâta de leur donner passage en Asie Mineure.

Le chemin était encore long et pénible avant d’arriver à Jérusalem. Il fallut livrer de sanglantes batailles aux musulmans, prendre des villes d’assaut, traverser des déserts. Souvent on manquait d’eau et de nourriture. Beaucoup de croisés moururent aussi de la peste. Combien tombèrent sur les sables du désert pour ne pas se relever, et rendirent l’âme en regardant la croix, sans avoir vu Jérusalem !

Quelques-uns se découragèrent. Ils n’étaient plus que cinquante mille lorsque la ville sainte leur apparut enfin.

Ils étaient récompensés de leurs souffrances et de leurs peines. « Jérusalem ! Jérusalem ! Dieu le veut ! Dieu le veut ! »

Cependant les Sarrasins se tenaient sur les murs, bien résolus à se défendre, et il fallut encore prendre Jérusalem. Comme les murailles étaient très épaisses et très hautes, les croisés construisirent une grande tour roulante à plusieurs étages et garnie de peaux de bêtes pour la protéger contre les flèches. Sur le sommet de cette machine, ils dressèrent une croix resplendissante d’or à laquelle était attachée une image du Seigneur Jésus, afin de bien dire aux Sarrasins pourquoi les croisés voulaient entrer à Jérusalem.

Prise de jérusalemLes Sarrasins firent tous leurs efforts pour renverser la croix. Ils ne réussirent même pas à l’atteindre, mais une des pierres qu’ils lançaient vint frapper un chevalier qui se tenait à côté de Godefroy de Bouillon et lui fit jaillir la cervelle. Cependant, Godefroy de Bouillon, continuant de tirer lui-même avec son arbalète, criait courage à ses compagnons.

Deux d’entre eux, deux frères, les chevaliers Ludolphe et Engelbert furent les premiers à entrer dans Jérusalem.

Ils furent suivis par Godefroy de Bouillon et son frère Eustache, qui, descendant du haut de la machine, passèrent par le même chemin. Alors les croisés, poussant des cris de joie et de victoire qui, dit un témoin,  montaient jusqu’au ciel, dressèrent de tous côtés des échelles le long des murs et entrèrent dans la ville en criant : « Dieu le veut ! »

Jérusalem était prise, et le tombeau du Christ était délivré. La croisade triomphait. Cependant les Sarrasins étaient nombreux comme les grains de sable du désert. Il fallut encore se battre avec eux et envoyer d’autres croisades. On éleva aussi de grands châteaux forts dont les ruines se voient toujours et que nos soldats ont retrouvés quand ils sont allés en Syrie. Et les Arabes disent que ce sont les tours des Francs, car les Français étaient les plus nombreux parmi les croisés, et, après plus de huit cents ans, les musulmans s’en souviennent encore.

Cependant Godefroy de Bouillon étant le chef, on lui offrit de devenir roi de Jérusalem. Mais il ne voulut pas porter une couronne d’or à l’endroit où Notre-Seigneur avait porté une couronne d’épines. Prise de Jérusalem par les croisés le 15 juillet 1099 - Emile SignolIl ne voulut pas non plus du titre de roi et n’accepta que celui de Défenseur du Saint-Sépulcre.


Les croisades sont une des plus belles choses qui aient été faites dans l’histoire. Et elles ont porté le nom français très loin, elles l’on rendu fameux parmi tous les autres peuples et jusque chez les infidèles, parce qu’on a su, à partir de ce moment-là, que la France était le pays de la générosité, des grandes idées et de la foi.

 

 

 

 

La première croisade

 

 

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Source de la BNF