Petite histoire de France de Jacques Bainville - Guillaume le conquérant

 

 

Statue de Guillaume le Conquérant à Falaise

 

 

 

Gisant de Philippe 1er - Abbaye de Fleury - Saint Benoît sur LoireLe roi Philippe Ier n’était pas allé en croisade. Il devait rester en France pour garder le royaume. Car il venait de se produire un très grand événement.

Peut-être avez-vous déjà remarqué que, jusqu’ici, la France a eu à se défendre contre divers peuples, venus de l’autre côté du Rhin ou des Pyrénées ou bien arrivés par la mer des pays lointains du Nord, et que jamais encore il n’a été question de l’Angleterre ni des Anglais, avec qui il y aura par la suite tant de luttes à soutenir.

C’est que l’Angleterre était alors très peu peuplée et habitée par de pauvres Saxons qui vivaient tant bien que mal  dans leurs forêts. Mais tout cela allait changer.

Vous vous rappelez qu’une province française avait été donnée aux Northmans et à leur duc Rollon. Ces Northmans, de même que les Francs de Clovis, étaient devenus semblables aux autres Français ; ils avaient adopté leurs usages, parlaient leur langue et s’appelaient maintenant les Normands, et leur duché la Normandie. De leur ancienne vie de pirates, il leur restait seulement le goût des aventures et des conquêtes.

Tapisserie de la reine Mathilde (Bayeux)Il arriva donc que le duc Guillaume, ayant préparé une grande flotte, traversa la Manche avec ses barons, aborda en Angleterre, et, après avoir battu les malheureux Saxons, se proclama roi d’Angleterre. Et il fut désormais Guillaume le Conquérant.

Voilà donc le duc de Normandie, vassal du roi de France, devenu roi comme lui. Et le roi d’Angleterre possédait toute une belle région de notre pays avec Rouen, Caen et Bayeux. Il se trouvait installé chez nous. Il faudra de biens longues années et beaucoup de batailles pour que les Anglais prennent le parti de rester dans leur île.

Il s’était passé autre chose encore à la même époque où avait lieu la croisade.

C’est que, dans les villes, les artisans, les commerçants, les bourgeois s’étaient enrichis depuis que l’on n’était plus à la merci de tous les pirates et pillards. Alors on ne sentit plus le besoin d’être défendu par les seigneurs. Et l’on commença à trouver qu’on payait trop cher leurs services depuis qu’on n’avait plus besoin d’être protégé.

Alors les artisans, les commerçants et les bourgeois des villes s’unirent entre eux et formèrent des communes pour s’affranchir. Parfois, au cri de « Commune ! Commune ! » ils faisaient des émeutes et même des révolutions contre les seigneurs féodaux en disant que la Commune était l’égale des seigneurs.

Tour de Montlhéry par Camille CorotOr le roi de France avait justement pour adversaire ces féodaux grands et petits qui bravaient son autorité et qui souvent se conduisaient chez eux à leur guise, affectant même d’ignorer qu’il existât. Songez qu’en ce temps-là le roi de France n’était pas toujours plus fort que tel brigand féodal posté dans son donjon. Ce fut toute une affaire de prendre le sire de Coucy et de démolir son château. Et tout près de Paris, à Montlhéry, dont la tour s’est vue bien longtemps, il y avait un autre sacripant qui empêchait les premiers Capétiens de dormir.

Aussi le roi de France se sentait-il assez l’ami des communes et il allait lutter avec elles contre la féodalité pour achever son royaume. C’est ce qui aida encore plus à unir pour si longtemps le peuple et la royauté.

Louis VI, ou Louis le Gros, fit ainsi rude guerre aux seigneurs sur son domaine et démolit beaucoup de châteaux. Et son fils Louis VII continua ce qu’il avait si bien commencé.

Gisants d'Aliénor d'Aquitaine et d'Henri II Plantagenêt - Abbaye de FontevraudLouis VII avait épousé une femme très riche, Eléonore de Guyenne, héritière de deux belles provinces du Midi. Le royaume de France allait être agrandi d’un seul coup jusqu’aux Pyrénées ! Malheureusement, Eléonore était orgueilleuse, elle avait très mauvais caractère, et Louis VII ne s’entendit pas avec elle. Ils se séparèrent, et elle se remaria avec le comte d’Anjou, Henri Plantagenet, ainsi nommé parce qu’il portait toujours une branche de genêt à son chapeau, et qui devint bientôt roi d’Angleterre.

Voilà donc, avec la Normandie, l’Anjou et les domaines d’Eléonore, le roi d’Angleterre plus puissant en France que le roi de France lui-même. Beaucoup de terribles guerres sortirent de là.

 

 

 

Guillaume le Conquérant

 

 

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Source de la BNF